Les régimes hyperprotéinés sont-ils réellement adaptés aux chiens ?
Il existe de plus en plus d'aliments riches en protéines. Cependant, quelle teneur est adaptée aux chiens ?
Lorsque l'on s'intéresse à la teneur en protéines, il est important de ne pas se limiter à la quantité, mais de prendre également en compte les éléments suivants :
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L'équilibre des nutriments - y compris des graisses et des glucides.
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La qualité des protéines et le profil des acides aminés.
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L'impact écologique - les protéines animales sont coûteuses pour l'environnement.
1. Comprendre le rôle des protéines dans l'alimentation du chien
Un chien adulte en bonne santé avec un niveau d'activité modéré a besoin d'un minimum de 18 % de protéines sur matière sèche et un chiot en pleine croissance a besoin de 25 %. De nombreux aliments riches en protéines dépassent largement ces niveaux.
La qualité des protéines est essentielle. En effet, une quantité équilibrée en protéines de haute qualité répond aux besoins en acides aminés essentiels, sans pour autant qu'il soit nécessaire d'avoir beaucoup de protéines en quantité.
2. Le rôle des acides aminés
Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines, chaque protéine ayant une combinaison différente des 21 acides aminés. Il existe des dizaines de milliers de protéines uniques dans le corps, chacune étant constituée d'un mélange différent d'acides aminés.
Les protéines consommées dans l'alimentation sont décomposées en acides aminés. Ces acides aminés sont ensuite recomposés pour fabriquer les protéines dont le corps a besoin.
C'est pourquoi il est important que le régime alimentaire contienne le bon équilibre d'acides aminés. Imaginez que chaque acide aminé est une brique de couleur différente. Supposons que le corps ait besoin de 10 000 briques bleues, 10 000 rouges et 10 000 jaunes. Or, le régime alimentaire consommé contient 10 000 briques bleues, 5 000 briques rouges et 15 000 briques jaunes. Pas de problème pour les acides aminés bleus. En revanche, le corps manquerait d'acides aminés rouges, ce qui signifie qu'il ne pourrait pas fabriquer toutes les protéines dont il a besoin et qui contiennent des acides aminés rouges. L'organisme aurait également plus d'acides aminés jaunes que nécessaire et devrait donc s'en débarrasser, ce qui donnerait plus de travail au foie et aux reins.
La première caractéristique d'une protéine de qualité est donc l'équilibre : elle contient le bon mélange d'acides aminés, c'est-à-dire ni trop ni trop peu de chaque acide aminé.
La deuxième caractéristique essentielle est la digestibilité. Celle-ci correspond à la capacité de l'organisme à la décomposer en ses acides aminés, faute de quoi l'organisme ne peut les utiliser. La digestibilité d'une protéine dépend de la source de la protéine et de la façon dont elle est cuite.
3. L'importance de la qualité des protéines
Comme évoqué précédemment, la qualité d'une protéine se mesure selon deux paramètres : sa composition en acides aminés essentiels que le chien ne peut pas fabriquer par lui même et qui doivent donc être fournis par son alimentation et sa digestibilité.
Concernant le profil en acides aminés essentiels, si la protéine est de haute qualité, c'est à dire avec le bon mélange en acides aminés, un apport en plus petites quantités peut répondre à tous les besoins en acides aminés du chien. Si la protéine est de mauvaise qualité, avec un mauvais mélange d'acides aminés, il en faut plus pour fournir tous les acides aminés, ce qui signifie qu'il y aura un surplus d'acides aminés inutiles qui devront être utilisés comme source d'énergie ou excrétés.
4. Les conséquences d'une alimentation trop riche en protéines
L'idée que les chiens ont besoin d'une alimentation riche en protéines n'est pas prouvée. Les chiens peuvent utiliser les glucides comme source d'énergie. Des protéines de haute qualité leur fourniront les acides aminés dont ils ont besoin sans avoir à utiliser un taux de protéines minimum plus élevé que celui qui est recommandé.
a. Les problèmes de santé potentiels liés à un excès de protéines
La question est donc de savoir s'il est dangereux de donner des régimes riches en protéines.
L'élimination des protéines inutilisées exerce une pression sur les reins des chiens âgés.
b. La durabilité des régimes à haute teneur en protéines
C'est en terme d'écologie que les régimes hyperprotéinés sont plus problématiques. La plupart des régimes utilisent des produits animaux pour fournir l'essentiel des protéines et la production de protéines animales est coûteuse sur le plan environnemental, les aliments d'origine animale produisant environ deux fois plus d'émissions que les aliments d'origine végétale.
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la demande mondiale de protéines d'origine animale devrait doubler d'ici 2050, sous l'effet de la croissance démographique et de l'augmentation de la consommation de protéines par habitant dans les pays en développement. Il s'agit d'un problème majeur car l'élevage est une source importante d'émissions de gaz à effet de serre, les estimations allant de 14 % à 18 % de l'ensemble des émissions, soit plus que les émissions générées par les transports.
En 2018, le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations unies a formulé plusieurs recommandations, dont la réduction de la quantité de viande et de produits laitiers que nous consommons.
Kelly Swanson, dans le rapport Nutritional Sustainability of Pet Foods, souligne l'impact négatif sur l'environnement de la formulation des régimes alimentaires visant à fournir des nutriments en excès par rapport aux besoins physiologiques.
Les protéines animales sont coûteuses pour l'environnement. Nous devons nourrir correctement nos animaux de compagnie, mais devrions-nous leur donner plus de nutriments que nécessaire, en particulier lorsqu'ils proviennent de sources coûteuses pour l'environnement, telles que les protéines animales ?
5. Le rôle des protéines, des lipides et des glucides
Il est également important de prendre en compte la contribution de tous les nutriments et pas uniquement celle des protéines.
Les protéines
Les protéines sont essentielles à la croissance, à la réparation et à l'entretien des muscles ; elles participent à la production d'enzymes et d'hormones, qui interviennent dans divers processus physiologiques, notamment la digestion et l'absorption des nutriments, ainsi que dans des fonctions de régulation telles que le métabolisme, la croissance et la reproduction. Les protéines participent également à la production d'anticorps et d'autres composants du système immunitaire, contribuant ainsi à la capacité de l'organisme à se défendre contre les infections et les maladies. Les protéines participent à la réparation et à l'entretien de divers tissus, notamment la peau, les cheveux et les ongles.
Alors que les glucides et les graisses sont normalement les principales sources d'énergie, les protéines peuvent constituer une source d'énergie lorsque les réserves de glucides et de graisses sont épuisées. Cependant, les glucides et les graisses sont des sources d'énergie bien plus appropriées. Il convient également de noter que les protéines excédentaires, qui ne sont pas utilisées pour la réparation ou l'énergie, sont stockées sous forme de graisse.
Dans un régime riche en protéines et pauvre en glucides, les protéines fournissent une grande partie de l'énergie qui pourrait être mieux fournie par les glucides et les graisses.
Les glucides
La principale fonction des glucides est de fournir de l'énergie. Une fois consommés, les glucides sont transformés en glucose, qui alimente l'organisme. Tout excédent est stocké sous forme de glycogène et se trouve principalement dans le foie et les muscles.
Les graisses
Si les glucides constituent la principale source d'énergie, les graisses sont également utilisées comme réserve. Les graisses ont un niveau d'énergie très élevé, avec 9 calories par gramme, soit plus de deux fois plus que les glucides et les protéines. Les graisses jouent également un rôle important dans le stockage et l'absorption des vitamines.
6. Les chiens ont-il besoin de glucides ?
Au cœur de l'argument en faveur des régimes riches en protéines se trouve l'idée que les chiens, en tant qu'ancêtres du loup, sont des carnivores et qu'ils ont donc besoin de protéines et de graisses car ils sont incapables de digérer les glucides. Il s'agit d'un sujet particulièrement controversé.
Les loups et les chiens ont bien un ancêtre commun. Mais les chiens ne sont pas des décendants des loups. L’ancêtre du chien est devenu proche des humains entre -30 000 à -15 000 ans avant Jésus-Christ. Au cours de cette période, il a évolué à bien des égards : les chiens sont plus sociables, moins agressifs et présentent une grande variété de formes et de tailles.
Ils ont également évolué pour pouvoir digérer une plus grande variété d'aliments, y compris ceux fournis par l'Homme.
Il y a eu des changements anatomiques. Le chien possède de nombreuses et grandes molaires, qui ne sont pas nécessaires pour manger de la viande, mais qui servent à broyer les végétaux.
Ils ont également un gros intestin très développé abritant de nombreuses bactéries qui se nourrissent des fibres, des glucides et des protéines végétales. En outre, les chiens, contrairement aux loups, produisent de nombreuses enzymes, en particulier l'amylase, qui décomposent l'amidon et d'autres glucides.
Les chiens ne sont pas des carnivores stricts. Le terme « carnivore » désigne ceux qui se nourrissent notamment, mais non exclusivement, de viande et qui dépendent de nutriments présents uniquement dans la chair animale.
Les chiens sont soit omnivores, soit carnivores facultatifs. Le débat reste entier, il n'existe pas de définition claire pouvant différencier les deux. Mais un omnivore peut se nourrir indifféremment de végétaux et d'animaux, comme l'Homme, tandis qu'un carnivore facultatif est une espèce qui peut digérer des végétaux mais préfère la chair animale et doit donc en consommer une part importante.
Quoiqu'il en soit, les chiens peuvent digérer et utiliser les glucides, qui constituent donc une source d'énergie précieuse.
