D'un point de vue hématologique, l'absence de leucogramme de stress chez un animal malade, et en particulier la présence d'une lymphocytose ou d'une éosinophilie, devrait faire remonter l'hAC dans le diagnostic différentiel. Il convient de noter que les résultats peuvent toujours se situer dans les normes, ce qui souligne l'importance d'examiner tous les paramètres, même s'ils sont considérés comme "normaux". L'hématocrite peut être variable chez les chiens atteints d'hypocorticisme, certains peuvent présenter une anémie non régénérative, mais celle-ci peut être masquée par la présence d'une déshydratation (Scott-Moncrieff, 2015).
Comment diagnostiquer l'hypocorticisme ?
Les examens hématologiques, biochimiques et urinaires de routine sont recommandés comme point de départ pour le diagnostic de la plupart des affections endocriniennes. Ces analyses permettent d'exclure d'autres causes de maladie et révèlent souvent des changements non spécifiques qui augmentent les probabilité que le patient soit atteint d'hypocorticisme.
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Les principales anomalies biochimiques observées sont des perturbations électrolytiques. Dans la grande majorité des cas, le rapport sodium/potassium est diminué (<27) en raison d'une hyperkaliémie et d'une hyponatrémie (Peterson et al, 1996). Cependant, d'autres pathologies peuvent abaisser ce rapport, ce qui en fait un résultat non spécifique. De même, les analyses biochimiques de routines ne contiennent pas toujours les électolytes. De ce fait, une analyses biochimique peut sembler normale même si le patient est réellement atteint d' hAC.
Le tableau ci-dessous en donne un exemple. Les valeurs absolues de sodium et de potassium se situent dans l'intervalle de référence pour ce patient et ne sont donc pas signalées comme anormales dans l'analyse biochimique. Cependant, lorsque le rapport est calculé, il révèle une valeur faible et l'hypocorticisme doit donc être inclus dans le bilan différentiel.
D'autres changements biochimiques peuvent être observés, notamment une azotémie, une diminution des taux d'albumine, de glucose, de cholestérol et de chlorure, ainsi qu'une augmentation des enzymes hépatiques (ALKP, ALT et AST), du phosphate et du calcium (Peterson et al, 1996).
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En général, les chiens atteints d'hypocorticisme ont une densité urinaire < 1,030. Cela peut encore compliquer les choses pour le clinicien. La présence d'une azotémie, d'une augmentation du phosphate et d'une faible densité urinaire chez un patient malade peut indiquer une insuffisance rénale aiguë. Cela souligne la nécessité d'effectuer des tests endocriniens spécifiques dans ces cas, sans lesquels il peut être difficile de poser un diagnostic définitif.
Tests endocriniens add
La combinaison de l'anamnèse, des signes cliniques et des résultats de laboratoire de routine conduit souvent à une suspicion accrue d'hypocorticisme. Cependant, des tests endocriniens spécifiques sont alors nécessaires pour confirmer le diagnostic.
1. Quel est le meilleur test à utiliser pour diagnostiquer l'hypocorticisme ?
Le test de stimulation à l'ACTH (ACTHST) est le test de référence pour diagnostiquer l'hypocorticisme chez le chien.
2. Comment interpréter un test de stimulation à l'ACTH ?
Un déficit en cortisol post-ACTH indique la présence d'un hypocorticisme. Cela équivaut généralement à une valeur < 55 nmol/L (< 2 μg/dL), comme le montre le graphique 1. Toutefois, il est recommandé de consulter votre laboratoire pour connaître ses normes.
- Graphique 1 - Interprétation du test de stimulation à l'ACTH
- Légende
- Vert – Pas d'hypocorticisme
- Rouge – Hypocorticisme ou administration de stéroïdes
3. Dans quelles circonstances le test de stimulation à l'ACTH peut-il donner un résultat faussement positif pour l'hypocorticisme ?
Malheureusement, l'administration de glucocorticoïdes exogènes avant d'entreprendre une ACTHST peut conduire à des résultats faussement positifs. Il est donc essentiel d'obtenir une anamnèse complète lors du bilan d'un cas suspect d'hAC, étant donné que même une faible exposition aux glucocorticoïdes peut entraîner une suppression de l'axe hypothalamo-hypophysaire surrénalien qui pourrait être interprétée comme un résultat positif pour l'hAC.
Les glucocorticoïdes exogènes ne se limitent pas aux préparations orales ou injectables ; il convient également de prendre en considération les thérapies topiques (le plus souvent pour la peau, l'oreille ou l'œil) et les préparations administrées par le propriétaire.
Une fiche d'aide au diagnostic d'hypocorticisme peut être téléchargé ci-dessous.
Hypocorticisme eunatrémique et eucalémique
Le comité ALIVE de la Société européenne d'endocrinologie vétérinaire définit l'hypocorticisme eunatraémique et eukaliémique comme un hAC avec des concentrations sériques normales de potassium et de sodium (Comité ALIVE de la Société européenne d'endocrinologie vétérinaire, 2021). Auparavant, ce type d'hAC était appelé "maladie d'Addison atypique".
Ces chiens présentent les mêmes signes cliniques, souvent chroniques, que ceux atteints de maladie d'Addison primaire, mais ne présentent pas les modifications caractéristiques des électrolytes. D'autres résultats biochimiques non spécifiques, tels que l'hypocholestérolémie et l'hypalbuminémie, peuvent indiquer la présence de la maladie, mais le diagnostic est difficile à établir.
Comment diagnostiquer l'hypocorticisme eunatrémique et eucalémique ? add
Il est recommandé de mesurer à la fois l'aldostérone et l'ACTH endogène dans ces cas afin de définir véritablement l'état de santé et, par conséquent, ces cas peuvent bénéficier de l'avis d'un spécialiste en médecine interne.
Mesure de l'ACTH endogène
Comme indiqué dans la section "Qu'est-ce que l'hypocorticisme ?", il existe deux types principaux d'hypocorticisme. Les signes cliniques peuvent être dus à une déficience de la glande surrénale elle-même (maladie primaire) ou à une déficience de la stimulation par l'hypophyse (maladie secondaire). Il est possible de différencier la maladie primaire de la maladie secondaire par la mesure de l'ACTH endogène (eACTH).
Dans la maladie primaire (y compris l'hypocorticisme eunatrémique et eukaliémique), l'eACTH devrait être élevée, car l'hypophyse détecte les faibles niveaux de cortisol circulant et libère de l'ACTH pour compenser.
Dans le cas d'une maladie secondaire, l'eACTH sera faible, car c'est un défaut de production d'ACTH qui est à l'origine de la maladie. Il convient d'exclure une maladie secondaire avant de confirmer un hypocorticisme eunatrémique ou eukaliémique.
Mesure de l'aldostérone
En mesurant le cortisol après stimulation par l'ACTH, on suppose que cela reflète toute la production d'hormones par la glande surrénale. Cependant, des déficits hormonaux isolés peuvent survenir. La seule façon de savoir si un chien est capable de produire des minéralocorticoïdes est de mesurer l'aldostérone elle-même. Cela se fait de la même manière que l'ACTHST et peut vous permettre de déterminer si une supplémentation en aldostérone est vraiment nécessaire dans le cadre du plan de traitement.